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« Pour nous, les pauvres, le pape est quelqu’un d’accessible »

« Pour nous, les pauvres, le pape est quelqu’un d’accessible »

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« Pour nous, les pauvres, le pape est quelqu’un d’accessible »

RomeDe notre envoyé spécial« Le soleil argentin. » En le voyant entrer dans la grande salle Paul-VI, Freddy a retrouvé « son » pape. Trois ans après l’avoir rencontré une première fois au Vatican, cette ancienne sans-abri a revu François, samedi 28 août. Le pape a reçu pendant une heure, au Vatican, les membres de l’association Lazare, qui organise depuis dix ans des colocations entre anciens sans-abri et jeunes actifs. Freddy n’en a pas perdu une miette. Quand elle raconte sa matinée en vous fixant de ses grands yeux bleu clair, les mots s’enchaînent avec facilité et une pointe d’émotion. « Pour nous, les pauvres, le pape est quelqu’un d’accessible. Après chaque témoignage, ce matin, il s’est levé pour nous serrer la main. Jamais je n’aurais pensé serrer la main à un pape… »Logée par Lazare depuis octobre 2015, Freddy, 53 ans, a « fait trois mois de rue », comme elle dit, après une relation amoureuse qui l’y a entraînée. « C’est beaucoup et c’est pas beaucoup, résume-t-elle. Parce que la rue, c’est fait pour personne mais tout le monde peut y tomber. » C’est de ce parcours qu’elle a parlé au micro tout à l’heure, attentivement écoutée par le pape au fur et à mesure de la traduction espagnole. « Ce pape, c’est la simplicité incarnée. Je suis sûre que même si tu viens pieds nus et en caleçon, il t’accepte », sourit-elle, après avoir observé « qu’il a l’air de préférer les pauvres au protocole… ». « Au fond, il nous aime parce qu’on fait pas de chichis », résume cette Nantaise.Quelques minutes auparavant, le pape François avait encouragé les 200 membres de Lazare, venus de toute la France mais aussi de Bruxelles, de Madrid, de Mexico et de Genève, à « ouvrir la porte » de leur cœur. « Parfois, dans la vie, leur a-t-il dit, il faut avoir l’humilité de frapper à la porte. Parfois, il faut avoir le courage de ne pas avoir peur de celui qui va m’ouvrir la porte, c’est-à-dire Dieu. » Avant de poursuivre : « La porte, c’est Dieu qui nous ouvre, la porte, c’est notre cœur… il est ouvert, il est gardé… »À la fin de son discours, comme il le fait toujours, François a demandé à ceux qui l’écoutaient de prier pour lui. « Il a demandé que l’on prie pour qu’il ait du courage. Ça veut dire qu’il a besoin de nous, s’étonne encore Freddy. On va l’aider en priant, on va l’aider. »« Ça veut dire qu’il nous inclut dans sa mission », ajoute Joseph, à quelques mètres de Freddy. Le jeune homme de 25 ans, étudiant infirmier, vient de passer deux ans dans une colocation. « Lui aussi a besoin de nos prières, en fait. Certes, il est à la tête, mais le fait qu’il nous demande ça me rend compte que je peux être utile. »Assis à côté de Joseph, Barbara, 50 ans, également venue de Nantes, a elle aussi été frappée par la « simplicité » de l’évêque de Rome. « Il a fait descendre son siège en bas des escaliers, pour être plus proche de nous. Il a regardé chacun, il a pris le temps. On avait l’impression d’être avec quelqu’un de la famille. » Comme Freddy, Barbara, à Lazare depuis 2014, avait déjà eu l’occasion d’approcher le pape. C’était en 2016. « Je devais apporter la coupe, pendant la procession. Je me souviens d’avoir mis dans cette coupe tout ce que j’étais, toutes mes galères. Et toute l’humanité avec. Enfin, surtout moi. » Un moment de « libération », insiste-t-elle, à l’époque où elle était sortie de la rue depuis deux ans. Depuis, cette artiste (« Je peins, mais ne vis pas de mes toiles ») a continué de se reconstruire.Parmi ceux qui ont fait le voyage à Rome, certains évoquent aussi le pape comme « une figure de paix ». C’est le cas de Christian, 60 ans, l’un des premiers colocataires de Lazare. Lui retrouve François pour la… septième fois. Depuis une première rencontre en 2014, Christian suit tout de l’activité de François. « Il fait du bien, et il fait aussi le ménage autour de lui au Vatican, pour essayer d’atteindre cette paix du Seigneur », dit-il, casquette vissée sur la tête, un cigarillo à demi fumé entre les doigts. Et pour lui, personnellement, qui est François ? « Le pape a été une bouée pour moi, pour lutter contre les forces du mal. »


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